La fin et les moyens

L’état anti-providence

J’ai déjà écrit un article sur le sujet du traffic d’organes (voir “Organes à vendre”). C’est un sujet qui est intéressant, pas à cause de la controverse mais plutôt parce qu’il illustre clairement les morts et les vies touchées inutilement par les mesures étatistes, et la futilité de l’intervention gouvernementale.

Environ mille personnes meurent sur les listes d’attentes pour des organes à chaque année. Aux États-Unis, le marché pour les organes d’une seule personne peut générer plus de deux millions de dollars pour l’industrie médicale en général. Le seul groupe impliqué dans les transplantations d’organes qui n’en bénéficie pas d’une façon ou d’une autre sont les donneurs ! Dans un monde moins taré que le nôtre, ce serait scandaleux.

La solution évidente et simple serait simplement de permettre la vente d’organes. Ceci libérerait plus d’organes possibles, et permettrait aussi aux individus de léguer plus d’argent à leur descendants si désiré. De même, tout problème criant peut être amélioré facilement de deux façons :

1. En dérèglementant le marché ou industrie, ce qui permet au privé de combler les besoins criants et libérant le système public d’une charge considérable. Notre système d’éducation est déjà largement dérèglementé, mais le système de la santé ne l’est pas. De même, le traffic d’organes est basé sur l’imposition de la force de la loi contre tout marché potentiel.

2. En établissant des établissements à charte. Ce modèle existe surtout pour les écoles à charte aux États-Unis. Il s’agit simplement d’un établissement géré par des individus privés contracté pour suivre une charte établie par le gouvernement. L’efficacité des écoles à charte n’est plus en question et bénéficie grandement. De plus, le caractère privé de ces établissements étend la liberté de choix des individus et force le système public à offrir un service plus compétitif.

Ces solutions sont relativement faciles à implémenter et ne demandent pas de grande intelligence pour les comprendre. Même si on peut avoir une basse opinion des politiciens, ils sont au moins assez intelligent pour comprendre tout ce que j’ai dit jusqu’à maintenant.

Il faut faire attention : je ne dis pas que de telles solution règlent le problème entier. Le système de santé ne deviendrait pas automatiquement le meilleur du monde si tous les hôpitaux étaient des hôpitaux à charte. Mais ce sont des solutions faciles, évidentes à comprendre pour toute personne qui a étudié ces problèmes, et qui amélioreraient nos systèmes publiques considérablement.

Reprenant notre exemple du traffic d’organes, un moyen facile pour éradiquer les conséquences néfastes du traffic et en même temps d’augmenter le nombre d’organes sur le marché serait simplement de supprimer les lois contre la vente d’organes. Cela pourrait entraîner des objections d’ordre moral, domaine que je discuterai maintenant.

 

La dignité humaine est un argument amené contre le clonage, le traffic d’organes, et autres domaines de ce genre. Mais la réponse général qu’il faut donner à cet argument est simple. Notre liberté est noble et digne, et la force de l’État contre nos libertés n’est pas noble ou digne, quelqu’en soit la raison.

 

Le matérialisme salvateur

Dans toute discussion théorique de la politique, il devient nécessaire de discuter de l’éthique et de sa conséquence sur la pensée politique. La source de la pensée globale est la pensée individuelle. Ceci est facile à voir par le fait qu’une société n’est qu’en fait un agrégat d’individus.

Nous pouvons donc nous demander ce qui pousse les gens à abhorrer la vente d’organes. Bien sûr, une personne réfléchie pourrait demander à tous ceux qui s’y opposent de balancer leur dégoût avec l’effet de ces lois sur des milliers de personnes. Il semble que le choix devient alors radicalement clair. L’affront de même considérer ce choix comme vivant illustre bien le mépris de la mentalité étatiste face à la vie humaine, comme le fait aussi le calcul économique des choix publiques qui réduit la vie humaine à une poignée de millions.

L’objection que la vente d’organes réduit notre corps à un produit commercial paraît hypocrite dans un tel contexte calculateur. Cependant, on peut répondre à cette objection quand même en disant qu’elle est basée sur une fausse prémisse : ce n’est pas nécessirement une mauvaise chose. C’est terrible quand le gouvernement le fait car il joue avec nos vies sans même un droit de réponse.

Mais que nous possédions notre propre corps est un point hautement positif, si nous nous considérons des hommes libres. Nos organes, comme toute autre possession, ont une valeur qui ne peut simplement être ignorée. Évidemment, si nous appartenions à l’État et non à nous-mêmes, alors notre corps serait sans valeur puisqu’il serait collectif. Toute ressource collective est régie par la loi de la Tragédie des Communes. Mais seul un collectiviste penserait une telle horreur.

La dignité humaine est un argument amené contre le clonage, le traffic d’organes, et autres domaines de ce genre. Mais la réponse général qu’il faut donner à cet argument est simple. Notre liberté est noble et digne, et la force de l’État contre nos libertés n’est pas noble ou digne, quelqu’en soit la raison.

Cette explication est bonne mais n’est pas satisfaisante et semble plutôt cynique à première vue. Serais-ce simplement que les politiciens sont tous corrompus ou stupides ? Comme j’ai dit, un tel jugement serait une erreur de jugement grave car il nous permet de penser faussement qu’un gouvernement peut quand même administrer la société de façon juste, en assumant que tous sont prêts à céder leur liberté.

La base du contexte calculateur où baigne la politique moderne est dû à la différence entre les motivations politiques et privées. La motivation d’un individu rationnel est de vivre dans une société efficace et libre autant que possible. Bien que des avantages étatistes qui sont spécifiques à lui ou à un groupe auquel il appartient peut lui sembler plus attirants, ces deux critères sont les principaux recherchés, et le meilleur moyen pour les atteindre est de rendre les individus plus libres.

La motivation d’un politicien est toute autre, puisque son but principal est d’être réélu et de faire sa fortune. Ceci implique principalement d’être populaire, et donc de satisfaire les groupes de pression et répondre à la demande populaire de collectivisme (cette déduction est appelée “private interest theory” en anglais). C’est pourquoi la nature du rôle de politicien est de gérer des apparences, et non la réalité. Je ne dis pas cela comme une insulte ou une remarque cynique mais comme étant la conséquence logique de ces faits.

La conséquence de gérer les apparances est double – non seulement cela ne règle pas les problèmes, mais crée un cercle vicieux de lois et de problèmes. Plus de lois sont passées, plus les problèmes empirent, et plus les problèmes empirent, plus les gens clament pour de nouvelles lois, et ainsi de suite. Mais sans le pouvoir étatiste de faire des lois générales contre des non-crimes et des taxes, un tel cercle vicieux ne pourrait exister. C’est là la supériorité de la liberté sociale, et donc du libertarianisme, sur l’étatisme.